Le constat – exemple 5

L’aide à la création d’entreprise innovante. Après avoir déposé un dossier bien argumenté, un créateur d’entreprise innovante peut, si son dossier est sélectionné, obtenir une aide de l’ordre de 60 000€ du Conseil Régional (en 2015 en Aquitaine). Parmi les projets sélectionnés, seuls quelques entreprises innovantes parviendront à se maintenir et se développer après plusieurs années. L’investissement fait par la région pour les projets qui finissent par échouer est perdu pour tout le monde. Pour les projets qui réussissent, le financement apporté par la région, attribué au(x) porteur(s) du projet, demeure sa(leur) propriété. Assez rapidement, si l’entreprise grossit, des personnes seront embauchées et ne toucheront rien de cet apport initial. Pourtant elles font partie de la même entreprise et vont participer à son développement. Dans cette situation, l’aide publique a enrichi le ou les créateurs de l’entreprise, et a augmenté l’écart de richesse de ceux-ci par rapport aux salariés embauchés par la suite. Cependant, pour obtenir cette aide, les porteurs de projet ont généralement aussi investi des sommes importantes : des capitaux propres. Ils ont donc pris un risque sur leur patrimoine pour développer leur projet. On peut considérer qu’il est normal que ce risque financier soit rémunéré, mais à quel taux ? L’apport financier du(des) porteur(s) de projet tout comme l’apport en industrie (en compétence, en idées novatrices) constituent des contributions à la réussite du projet, mais l’apport fourni par les salariés lors de leur travail y contribue aussi. Est-il normal que ceux-ci ne touchent pas une part de l’aide publique initiale apportée par la collectivité ?

Et si l’on se met à la place de l’investisseur qui souhaite devenir actionnaire:

Lors d’une levée de fonds par une Start-up, les investisseurs ne vont vouloir investir dans une entreprise que s’ils ont un espoir que l’agent investi leur soit rendu et qu’il leur rapport un bénéfice supérieur à celui d’un placement sûr (livret A, Compte ou Plan épargne logement, Assurance vie, …).

Les aides publiques apportées à la Start-Up (exemple 200 000 € apportés à certains projets par France Agrimer), le sont que sur des projets prometteurs et vont augmenter les chances que l’entreprise démarres dans de bonnes conditions et devienne rentable. Les investisseurs qui apportent leurs capitaux à une telle entreprise vont obtenir des parts de l’entreprise. Ainsi un porteur de projet peut, si son projet est convainquant, obtenir une somme très importante en très peu de temps en cumulant l’apport des fonds publiques et des fonds privés. Par exemple 800 000 € dont 200 000 € de fonds publiques. L’aide publique apportée va se trouver accroître la valeur des parts des actionnaires, qu’ils aient apporté des fonds en argent ou du savoir faire.

Si au bout de quelques années l’entreprise n’est toujours pas rentable, tout les actionnaires perdent de l’argent par rapport à leur mise initiale.

Si, au contraire, l’entreprise devient rentable, une partie de la valeur de l’entreprise proviendra des aides publiques mais sera détenue uniquement par les actionnaires, et principalement par les plus gros investisseurs. Un gros investisseur qui choisit bien la Start-up dans laquelle il investit, (Start-up qui devient bénéficiaie) va donc obtenir un revenu de son capital investi supérieur à la simple rémunération de son apport. Une part importante des fonds publiques reçus par l’entreprise vont donc bénéficier aux plus gros investisseurs.

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